lundi 6 décembre 2021

Le contact

 

"Toujours il y a une vieille mémoire qui remue en nous, quelque chose qui chante de l'autre côté, qui appelle, ou qui hante... C'est un pays, un là-bas où l'on avait couru, joué, toujours joué, un grand espace ensoleillé qui nous habite quand même entre nos 4 murs et nos complets-vestons si étriqués. Il y a une vieille musique, un vieil oiseau sauvage jamais attrapé qui bat quand même des ailes dans notre cage."    (Satprem)

C'était fin septembre, période d'équinoxe. La nuit précédente, la pleine lune m'avait réveillée et appelée. J'étais sortie discuter avec elle et avec les étoiles aussi. Dans l'air pur et froid la Terre brillait comme autant de diamants déposés sur l'herbe endormie. Notre échange, intime, ne peut être révélé complètement. Je peux juste vous dire qu'il s'agissait d'arbres, de racines et de beaucoup d'attention... Le lendemain, je suis partie en randonnée dans la nature sauvage où seules quelques pistes tracées par les animaux ouvraient une voie, entre les bruyères roses et violettes, et les pins sylvestres. Plus loin, les racines d'un arbres m'offraient, par leur forme, un fauteuil pour me reposer. Assise contre le tronc, je sentis immédiatement la vivacité de la sève et la force du pin, encore vigoureux en cette saison. Certaines des racines étaient recouvertes d'aiguilles et de branchettes comme il commence à en tomber en automne. Soudain, tout près de mon pied, un imperceptible mouvement, un bruissement dans les aiguilles de pins : un minuscule bébé salamandre s'approchait et m'interrogeait du regard. Alors, retenant mon souffle, très doucement, j'ai tendu mon doigt vers le petit animal qui, du bout de sa langue a établi le contact et senti le goût de l'humain. Le temps s'est arrêté et la forêt entière s'est immobilisée, immortalisant à jamais cet instant magique. Puis, ....un bruit dans les fourrés... et la petite salamandre s'est enfuie sous les bruyères.



"Tandis que les pousses, d'apparence fragile, parviennent à percer les obstacles pour accéder à la lumière, les racines se faufilent dans l'ombre, pour faire fleurir les prairies et installer les forêts."   (J. Goodall)